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    NIGER - Fin des accord de défense et départ définitif des troupes françaises 

    Comme nous le pressentions, les quelques 1500 soldats français présents au Niger, qui étaient engagés en appui des forces armées nigériennes et de la force conjointe du G5 Sahel, avec lesquelles ils conduisaient des opérations transfrontalières pour lutter contre le terrorisme, vont finalement quitter le pays. C’est l’annonce qui a été faite hier par le Président français E. Macron.

    Après un bras de fer avec la Junte militaire qui a pris le pouvoir en juillet dernier, et notamment le général Abdourahamane Tiani, le chef de l’Etat autoproclamé, et devant le soulèvement grandissant d’une partie de la population nigérienne, M. Macron a en effet décidé de rapatrier l’ensemble des militaires français présents à Niamey.

    Tandis que l’ambassadeur et les diplomates devront quitter le pays d’ici quelques jours, voire quelques heures, les soldats sont quant à eux supposés partir d’ici la fin de l’année, soit en à peine 3 mois ! Un pari plutôt risqué quand on sait qu’il aura fallu pas moins de 8 mois pour permettre aux forces françaises de quitter le Mali.

    Démobiliser tout un bataillon n’est pas chose aisée. Cela nécessite une organisation colossale : démantèlement des infrastructures, reconditionnement du matériel et des vivres, rapatriement des troupes au sol, tout en continuant d’assurer la sécurité des hommes. C’est d’autant plus difficile lorsqu’il s’agit de le faire sur un territoire étranger, avec une partie de la population hostile, où le risque d’attentat djihadiste est toujours présent, et de surcroît par des conditions climatiques extrêmes (il fait actuellement 37° à Niamey).

    Certes, le retrait des troupes françaises aussi soudain signifie peut-être un échec diplomatique et militaire en Afrique sub-saharienne, mais la France n’avait pas vocation à rester au Niger ; elle ne pouvait pas se substituer aux forces nigériennes pour assurer sa sécurité. Tôt ou tard les troupes françaises se seraient de toute façon retirées et les politiques auraient certainement qualifié ce retrait d’abandon, comme ce fut le cas au Mali (cf. Premier ministre Maïga à l’ONU accusant la France d’avoir « abandonné le Mali en plein vol »). Donc qu’elle reste ou qu’elle parte, la France aurait toujours été discréditée.

    Un échec politique pour la France peut-être, mais d’importantes économies car il ne faut pas oublier que chaque contribuable français participe à l’entretien des bases militaires, où qu’elles soient. Et pour ce qui est du Sahel, jamais aucun document officiel ne dévoilera combien l’intervention de l’armée française aura réellement coûté ces dix dernières années.

    Mais admettons, la France se retire, et après, quelles conséquences pour le Niger ?

    Pour le Niger, la liste des désagréments à la suite du départ des militaires français nous semble plus inquiétante :

    -  1500 hommes c’est beaucoup, cela fait vivre tout un quartier, un village. Ce sont des tas de petits métiers qui gravitent autour (guides, traducteurs notamment). Les militaires lorsqu’ils sont de sortie s’approvisionnement sur place, achètent dans les magasins locaux, fréquentent les restaurants lorsqu’ils sont en permission, etc. Ça sera un véritable manque à gagner pour les petits commerçants ;

    -  Les populations n’auront plus accès aux soins médicaux dispensés par les médecins militaires (près de 35 consultations par jour) ;

    -   La population ne pourra plus compter sur le Génie militaire français pour rétablir des voies, des ponts, des écoles qui avaient été détruites par des actions terroristes, pour permettre l’adduction d’eau et parfois même aider dans l’agropastoralisme.

    Et puis il ne faut pas oublier qu’en 2022 l’aide publique au développent française pour le Niger s’est élevée à 120 millions d’euros (source AFD). Si le sentiment anti français est à ce point exacerbé, il n’est pas certain que la France veuille continuer sur cette voie.

    Or il n’est pas certain non plus que la Russie, nouvelle égérie du Niger, dont le PIB reste très inférieur à celui de la France (avec en outre un taux directeur de la Banque Centrale de 8,5 %), puisse palier cette absence d’aide financière, ni l’aider à traquer les terroristes. La preuve est qu’au Mali, depuis le retrait de la Minusma, et la présence des troupes russes Wagner, les djihadistes ont repris du terrain et se dirigent à nouveau vers le sud du pays ; Tombouctou serait même en état de siège. En outre les intentions de la Russie ne sont peut-être pas aussi désintéressées qu’elle le laisse croire.

    "idan ka ga mugu a rana, kada ka kawo shi inuwa"

     

    Enfin, le Niger ayant dénoncé les accords de sécurité et de défense avec la France, s’il devait un jour vouloir à nouveau faire appel à ce partenaire pour l’aider dans une quelconque entreprise, il devra faire preuve d’ingéniosité.


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